Nouvelle rencontre. [PV EVANGELINE]

Forks. 3120 habitants. Ville de l’état de Washington. Etats-Unis. Petite bourgade paumée sur le vaste continent Américain.
Caractéristique ? La pluie, 360 jours par an.
Je n’aime vraiment pas cette ville, alors pourquoi suis-je ici ? Ah oui c’est vrai, parce que mon grand cœur me dicte de ne pas abandonner ma mère dans cette misérable petite ville, même si ces derniers temps, j’en meurs d’envie.
Occupations ? Hum, bonne question. Je suis sur le parking du lycée, adossée à ma voiture, un petit 4x4 Toyota. C’est la fin de la journée, je pourrais rentrer chez moi, bien sûr, mais cette perspective est beaucoup moins alléchante que d’espionner les membres du lycée, ce que je suis en train de faire d’ailleurs. Et puis ces derniers temps j’évite le plus possible mon « chez moi » à cause de ma famille. Mes parents sont divorcés, je vis donc avec ma mère qui tente de refaire sa vie. Malheureusement pour moi je déteste son copain ; il est idiot à souhait, s’en ai presque affligeant. Assez parlé de lui, je n’ai pas envie que ça entache ma bonne humeur.
Je suis donc en train de pratiquer mon sport favori ; fouiner. Depuis là où je me trouve, je peux voir absolument tout les faits et gestes des étudiants devant le lycée. Je suis toujours en quête d’un ragot. Le plus marrant c’est quand c’est moi qui les lâches, ce qui est le cas à 95%. Sur ce terrain je peux annoncer fièrement, sans me vanter, que personne ne m’arrive à la cheville. J’ai toujours des preuves à l’appui, c’est pourquoi mon micro appareil photo ne me quitte jamais. Quand je vois la honte que les gens éprouvent quand un de leur secret est étalé au grand jour, ça me fait toujours énormément plaisir. Ça n’a rien de vicieux d’ailleurs, mais quand l’on vit en société il faut forcément s’attendre que les choses ce sache un jour, que ce soit moi ou quelqu’un d’autre n’y change rien, alors autant que je m’en charge, puisque ça me plaît. Bien sûr ce passe-temps présente quelques petits inconvénients, comme par exemple avoir plein de gens qui te déteste et qui attende le moindre faut pas pour te faire la peau. Mais je ne suis pas à plaindre, parce qu’en fait j’en ai strictement rien à faire vu que je ne compte pas m’éterniser dans ce bled. Aussitôt mon bac en poche, je file rejoindre mon père en France, mais bon je n’y suis pas encore alors certaines personnes on encore du souci à se faire. Bien sûr je risque de faire souffrir quelques « amies » avec mon départ, mais ce n’est pas grave pour pas qu’elles ne pleurent, je leurs dirait la vérité, ce qui seras s’en doute une première ; l’hypocrisie est ma seconde nature et je ne les ai jamais aimées. Mais ce n’est pas de ma faute si elles sont si bêtes, leurs seules occupations dans leurs misérables petites vies et, de reluquer les mecs et savoir quel T-shirt vont-elles bien pouvoir porter le lendemain. Il faut que j’arrête de penser à elles, je dois déjà me les farcir toutes la journée, c’est amplement suffisant.
Dernièrement je m’intéresse à la nouvelle, Evangeline McDowell. Il y a quelque chose de bizarre chez elle, je crois que c’est du au fait qu’elle ne tient pas à se mélanger avec les autres. Pourtant elle n’a pas été mal accueillie, au contraire, dans une petite ville comme celle là, elle à forcément suscité le centre de l’attention, il était tellement rare d’avoir de nouveau venu ici et je les comprends, le climat n’est pas forcément attirant, qui voudrait vivre dans un endroit où l’on ne voit jamais le soleil ? Pour l’instant je n’ai pas eu le loisir de m’approcher d’elle, alors je ne sais pas grand-chose, mais ce n’est pas déplaisant, au contraire, j’aime relever les défis, plus grande sera la satisfaction de mettre toute sa vie à nue.

*Tiens, en parlant du loup...*

Quelques jours à peines venaient de s'écouler depuis l'arrivée de la vampire à Forks et elle détestait déjà cet endroit. Premièrement tout était affreusement verdâtre. Le matin, lorsque le soleil se levait la «jeune» fille se sentait comme dans un marécage, les sables mouvants et la tranquillité en moins. Les habitants de Forks jouaient d'ailleurs parfaitement les rôles des moustiques. Vous savez, ces adorables petits insectes volants au bourdonnement suraigu dont lesquels vous n'arrivez pas à vous débarrasser. Enfin, aujourd'hui la journée était terminée et la blondinette s'apprêtait à rentrer chez elle dans l'espoir qu'aucun élève ne tente de suivre sa voiture pour l'attendre devant chez elle chaque matin en espérant devenir ami avec elle. Rien qu'à cette pensée, la lycéenne ne put s'empêcher de laisser un sourire sarcastique se dessiner sur ses lèvres. La réponse était évidente voyons ! Si qui que ce soit mettait son nez de trop près dans les affaires de la blondinette, elle n'hésiterait pas à le vider de son sang. Certes, elle savait très bien se retenir mais un accident était si vite arrivé. Cherchant des yeux la BMW au bord de laquelle son chauffeur personnel devait venir la chercher, Evangeline regretta de constater que sa montre avançait et que la voiture passerait la prendre dans très exactement 7 minutes. Il ne lui restait plus qu'à attendre mais parmi les adolescents qui attendaient sur le parking, la créature au sang froid reconnut au moins trois élèves de sa classe qui lui faisaient de grands signes comme pour lui dire au revoir. Étrange. Elle leur avait pourtant bien fait comprendre qu'elle ne voulait pas être leur amie. Pourquoi s'obstinaient-ils à ce point ? Le directeur avait-il promis une récompense au premier réussissant à établir une amitié avec elle ?

*Et ce crétin de chauffeur qui ne vient toujours pas ... J'espère qu'il sera au moins à l'heure.*

Comble de l'horreur. Une jeune fille aux cheveux mi-longs et blonds venait de sortir de cours et la fixait avec une expression extrêmement satisfaite sur le visage. Le matin même, une élève à côté de qui on l'avait placée l'avait mise en garde contre cette lycéenne. Tout ce qui semblait l'intéresser étaient les potins et ragots en tout genres et sa camarade de classe lui avait expliqué qu'elle tenait un blog où elle étalait la vie de chaque personne du lycée dans les moindres détails. Bien entendu, la moitié d'entre eux avaient été inventés ou accentués mais cette fille se réjouissait à détruire les pires secrets des personnes du lycée. Bien entendu, la vampire ne lui avait encore jamais adressé la parole et n'y tenait pour le rien du monde. Peut-être que sa voisine de table avait elle même raconté des bobards sur Kathy Ronwel mais mieux valait-il être prudente avec ce genre de personnes. De toute façon, si elle arrivait à apprendre quoi que ce soit de gênant que ce soit vrai ou faux, la suceuse de sang n'hésiterait pas à effacer une partie de la mémoire de cette humaine. Quitte à faire le ménage et enlever quelques autres potins sur des personnes respectables. Mais y en avait-il vraiment une dans ce lycée ? Peut-être cette Eva Coldera à qui elle avait rapidement parlé à la cafétéria mais elle ne la connaissait pas encore assez pour dire si elle était digne de respect ou non. Disons que celle-ci ne se mêlait pas de ce qui ne la regardait pas, ce qui était déjà pas mal pour une humaine.

Voyant que la lanceuse de rumeurs continuait de la détailler, Evangeline se retourna face à elle et la regarda avec autant d'intérêt qu'on pourrait porter à un compost plein de fruits et légumes pourris. Sauf qu'un tas de compost peut s'avérer utile et écologique, alors que cette fille là n'avait rien d'intéressant. Ceci dit, si elle voulait un jour que la fille au sang froid la considère autrement qu'avec ce regard plein de mépris, elle pouvait toujours se sacrifier et lui proposer de boire son sang. C'est avec plaisir que la blondinette la débarrasserait de tout le nectar rouge coulant entre ses veines. Mais passons. Cette lycéenne semblait bien trop égoïste et sûre d'elle même pour lui proposer une seule goutte de son sang.

Evangeline arrivait avec un air de défit et regardait tout le monde d’un regard orgueilleux, mais quelque chose d’autre luisait dans ses prunelles, une lueur affamée. Je frissonnais, cette fille avait une attitude vraiment bizarre. Elle marchait comme si rien ne pouvait l’arrêter et qu’elle était ici la reine, tout en essayant de se fondre dans la masse, ce que je trouvais stupide d’ailleurs, parce qu’on la remarquait à des Kilomètres.

Il est vrai que depuis qu’elle était arrivée, les paris allaient de bon train pour savoir qui était réellement cette mystérieuse jeune fille. Personne ne pouvait fermer les yeux sur sa ressemblance douteuse avec les Cullen, pourtant eux ne semblait pas la connaître plus que ça... Une cousine éloignée peut être ? En même temps les membres de la famille Cullen qui se ressemble sur bien des points n’ont pas de liens de sang, alors même si Evangeline a des similitudes avec eux, ça ne veut strictement rien dire...

La miss Mac Dowell avançait droit sur moi et lorsque nos regard ce croisèrent je fus surprise d’y découvrir tant d’animosité à mon égard. Je ne lui avais pourtant absolument rien fait, je ne lui avais pas parlé, rien dit sur elle dans son dos, rien de rien. La seule chose que l’on pouvait me reprocher était que j’avais dans l’idée de m’attaquer à elle pour mes prochains potins.

*Non mais j’hallucine ! Qu’est-ce que je lui ai fait ?*

Je décidais de tirer les choses au clair. Je comprenais parfaitement que l’on m’en veuille et qu’on me déteste après avoir enquêté sur le dos de quelqu’un et avoir trouver des choses pas très jolies, jolies à révéler au grand public, mais que l’on me lance un tel regard sans aucune raison apparente était plus que déplacé.

J’avançais d’un pas décidé vers la jeune fille, et après avoir franchis les quelques mètres qui nous séparaient, j’affichais mon habituel sourire sympathique et me postais devant elle.

-Tout va bien ? J’ai vu que tu me regardais bizarrement tout à l’heure, tu as besoin d’aide ?

Un frisson. Oui, la lanceuse de ragots n'avait pas pu s'empêcher de tressaillir quand son regard avait croisé les prunelles d'Evangeline qui n'annonçaient rien de bon. Oh que non, elle n'était pas affamée, ce qui était plutôt une bonne nouvelle pour l'autre lycéenne vu comment les choses se présentaient. Mais mettez un enfant qui n'a pas spécialement faim devant une gourmandise et observez attentivement sa réaction. Et bien disons que notre vampire était plus ou moins dans le même cas face à Kathy. Sa soif ne lui brulait pas la gorge, mais elle n'était pas contre le fait de goûter au nectar rouge qui coulait silencieusement dans les veines de l'humaine qui la fixait. Comment osait-elle la reluquer avec si peu de discrétion ? Certes, elle était nouvelle et rares étaient les nouvelles têtes dans ce trou perdu de 3120 habitants mais enfin tout de même ! Son regard observait minutieusement chacun des faits et gestes de notre blondinette et cherchait chaque petit détail qui pourrait lui en apprendre plus sur elle. A croire que dès qu'elle aurait un papier et un stylo à portée de main, Miss Ronwell écrirait une fiche détaillée sur notre charmante suceuse de sang. Ce qui allait d'ailleurs sans doute être le cas.

Se rendant compte qu'elle fixait l'autre lycéenne avec un regard plus que glacé, qui elle-même l'observait avec une mine à la fois faussement surprise et amusée, la nouvelle élève détourna légèrement son regard. Mais trop tard, celle-ci avançait déjà vers elle avec une expression qui se voulait sympathique sur le visage. Cette fille avait du passer des heures devant le miroir à s'entrainer, car son sourire avait presque l'air honnête. Mais un petit quelque chose sonnait faux. Et pour Evangeline, cela faisait toute la différence.

« Tout va bien ? J’ai vu que tu me regardais bizarrement tout à l’heure, tu as besoin d’aide ? »

Alors, là c'était le comble. Une fille décrite comme une lanceuse de potins, cherchant à mettre la vie de chacun des habitants de la petite ville de Forks à nu dans le seul but de satisfaire ses petits intérêts personnels venait proposer à une suceuse de sang son aide. Bien entendu, son ton était ironique et sa phrase sonnait comme une provocation. Pour qui cette personne se prenait-elle ? Peut-être que dans ce lycée perdu, elle était considérée comme une reine, mais avant aujourd'hui la blondinette n'avait jamais entendu parler d'elle. Alors quel était l'intérêt de se montrer agréable envers elle ? Certes, elle devait se sociabiliser un peu pour être considérée comme une humaine plus ou moins normale, mais certainement pas avec ce genre de personnes qui sentaient l'embrouille à plein nez. Cependant, une irrésistible envie de s'amuser un peu la faisaient hésiter sur sa réaction. Devait-elle se montrer impassible, ou bien faire semblant de jouer le jeu de Kathie pour se distraire un peu ?

*De l'aide pour te dévisager ? Non, aucun problème. Tu gâches assez le paysage, pas besoin d'en rajouter !*

- Tout va très bien, merci. Excuse-moi de t'avoir regardé de travers et si méchamment. En fait, je sors d'une relation difficile avec mon petit copain et c'est pour cette raison que je ne suis pas allée vers les autres. Il m'a annoncé qu'il rompait ce matin par sms et qu'est ce que j'apprends par texto de ma meilleure amie ? Il a couché avec quelqu'un d'autre ! Seulement ce quelqu'un était un GARÇON. Bon, certes je l'ai trompé une fois avec Maat et une autre avec Chriss mais ça comptait pas, c'était juste sur le coup d'un soir. A croire que je l'ai TOTALEMENT insatis ... fait ...

Mettant en œuvre ses talents d'actrice, la créature s'arrêta en plein milieu de sa phrase et baissa les yeux, une expression extrêmement gênée se peignant sur son visage. Comme si elle en avait trop dit et se rendait compte trop tard de son erreur. Bien entendu, rien de tout cela était vrai mais elle avait envie de tester un peu Kathie et voir jusqu'ou elle était capable d'aller. D'ailleurs, dire cette phrase et se faire passer pour le type d'adolescente qu'elle haissait le plus l'avait mise mal à l'aise, ce qui rendait d'autant plus crédible sa fausse gêne. Comme quoi, se comporter comme la plus grande des hyppocrytes était facile ! Maintenant, plus qu'à continuer en faisant semblant de vouloir changer de sujet.

- Hum ! ... Enfin, je suis quand même enchantée de faire ta connaissance. Je m'appelle Evangeline. Evangeline Mac Dowell ! Et je m'excuse d'avoir vidé mon sac, mais j'en avais vraiment besoin. Tu es le genre de personne à qui on se confie facilement, c'est étrange. Et en passant, j'adore ton haut ! Dis-moi, tu l'as acheté quelque part dans le coin ?

» Evangeline A.K. Mac Dowell. The Doll Master.